Démarche
Faire œuvre, pour Julien Strypsteen et Éric-Sébastien Faure-Lagorce, consiste à collectionner les œuvres contemporaines à la lisière de l’art et du design. Cette idée a motivé la fondation de Sinople en 2018.
Derrière ce mot si poétique, s’invite un espace de création, une galerie, un lieu de recherche autour de la matière. Nourris d’une connaissance historique liée aux arts décoratifs, ils ne s’interrogent pas uniquement sur la fonction, ils inventent une ligne esthétique, un univers nourri d’un réseau d’artistes-artisans, motivés par une logique d’ensembliers.
Flâneurs cultivés, ils sélectionnent et éditent selon des principes académiques. Sinople déroule pas à pas, un paysage intérieur et une sensibilité guidée par le désir de monstration d’objets et d’œuvres iconiques respectueux du geste et de la noblesse de la matière.
Les expositions imaginées par les deux commissaires se composent autour de la question du récit et de la mise en scène. Sous le blason de Sinople, ils déploient des thèmes raffinés et immémoriaux.
Leur quête exigeante célèbre un univers chargé de sens. Ils choisissent comme premier vecteur de partage : Collectible Nature une exposition à contre-courant, un scénario qui se déploiera en plusieurs actes : Wunderkammer, Paysage Intérieur… Une notion de beauté universelle, liée à l’expression de la nature. Les objets intriguent par leur ambiguïté, ouverts et fermés, naturels et artificiels, graves et légers, sombres et lumineux, ils réinventent par leur unicité, le projet, le dessein.
L’histoire s’annonce riche et surprenante avec les thèmes à venir inspirés par l’étymologie du nom de la galerie : des objets qui interrogent la préciosité de la lumière et son reflet, l’idée de la reproduction, la technique du dessin et la matrice, le lien à l’ineffable, une réalité à la fois subjective et objective, la complexité de la couleur et enfin une exploration des mondes inconnus par des fouilles contemporaines sans lieux ni dates.
La sélection des œuvres éditées par Sinople, confirme l’importance du projet et exacerbe le métissage. Sans dogmes ni frontières, ils réalisent une collecte d’artefacts produits avec une maîtrise, une inventivité remarquable. L’origine de la collection se crée par le dialogue. Passeurs d’idées, Éric-Sébastien Faure-Lagorce et Julien Strypsteen. aiment à provoquer les créateurs, les pousser dans leurs retranchements. Leur perfectionnisme s’appuie sur une connaissance poussée des techniques explorées.
Sinople aspire à une réalité autonome, un contenu culturel, symptomatique du génie artistique humain, pour une définition de l’objet d’art par l’art de l’objet.
— Anne BONY
historienne de l’art, auteure, enseignante