Rana Van Pellecom

Sa première série exposée à la galerie Sinople témoigne sans ambage et avec une puissante délicatesse de cette recherche constante du silence dans un univers qui lui est antagoniste : ici le mouvement d’un navire cargo. 

L’image imprimée y restitue des atmosphères changeantes, toutes faisant ressurgir l’héritage pictural de l’artiste. La profondeur des noirs y côtoie la lumière traversante et les tonalités sourdes caractéristiques des primitifs flamands. 

 « Imaginez que vous vous trouviez dans un monde d’eau, déserté par le continent. Où le détachement contrôle vos actions et où l’isolement devient un nouvel état d’esprit. Lorsque je me suis retrouvée sur la Primula, ces sentiments se sont transformés en images. Les émotions que l’on peut ressentir après s’être perdu sont représentées par différentes vues de la terre et de la mer. En tant qu’étranger, j’ai entrevu la vie à l’intérieur de ces énormes murs d’acier. Toutes mes connexions se sont perdues : entre la tête et le corps, le navire et la terre ferme. 

Pourtant, le Primula a continué à naviguer comme un monde à part entière. Outre les différents visages de l’océan, le lever et le coucher du soleil et le changement des personnes à bord, le navire continuait d’avancer. 

En 2019, j’ai rejoint l’équipage du navire Primula pour trois voyages de 4 jours, 10 jours et 7 jours. Nous avons navigué chargés de conteneurs de Gand, en Belgique, à Göteborg, en Suède, et vice versa, avec un arrêt occasionnel en Norvège. Le résultat de ce projet n’a pas été celui que j’avais imaginé et c’est ce qui en fait la beauté. J’ai dû lâcher prise pour capturer ces images. La solitude de la mer a renforcé la sérénité que j’essayais de trouver. »