Martine Rey

C’est au Japon, auprès de Maître Shinkaï, que Martine Rey rencontre la laque végétale urushi. L’artiste fait alors face à un matériau dont la technique d’application croise son propre cheminement personnel et artistique. La laque est appréciée au Japon comme un art prestigieux. Elle est cependant un art d’ornement toujours lié à l’habillage d’objets, appliqué avec patience et délicatesse. Pendant deux ans, tout en apprenant respectueusement les gestes constitutifs de cette pratique séculaire, l’artiste libère alors un projet narratif dans lequel la laque vient désormais mettre à nu l’objet anonyme, abandonné, délaissé. Elle détourne l’attention vers son histoire pour en décrire la profondeur insoupçonnée. Surface et reflet, la laque quitte ses atours protecteurs et décoratifs pour devenir matière précieuse à part entière, plume du temps écoulé sur les choses ordinaires magnifiées en reliques, en talismans. 

Martine Rey compose ainsi  un espace commun de découvertes et d’intimités, un espace qui superpose les souvenirs et les gestes, celui qui se glisse dans les multiples couches de laque comme des palimpsestes engloutis. La laque est là pour marquer le temps qui passe, elle est le lien entre le temps présent et la mémoire.